Carte postale d’Islande – 2007
Le pays des arcs-en-ciel
Les glaciers fondent, l’eau cherche son chemin à travers les ruisseaux, coure d’une chute à l’autre, et éclabousse sur son passage créant une multitude de gouttelettes qui attirent la lumière pour former des arcs-en-ciel. On a eu le bonheur d’en voir presque chaque jour.
Reykjavik
Dans l’autobus qui nous mène de l’aéroport de Keflavik jusqu’à Reykjavik, on a l’impression d’arriver sur la lune. Le sol est jonché de roches et de mousse.
On fait rapidement le tour de la ville. On est en août, mais il fait froid. Il doit toujours faire froid en Islande.
La population de l’île est d’environ 320,000 habitants – en haute saison la population de moutons frôle le million.
Les Islandais sont très attachés à leur histoire, et les sagas qui se perpétuent encore aujourd’hui rapportent les hauts faits d’armes de leurs ancêtres. Ces textes d’auteurs inconnus relatent les expéditions vikings et mettent en relief leurs qualités personnelles: sens de l’amitié, talent poétique, mœurs chevaleresques, etc.
L’Islande détient quelques records mondiaux « par habitant »:
Sont les plus gros consommateurs de Coca-Cola au monde (par habitant).
Sont les plus gros utilisateurs d’internet au monde (par habitant).
Ont le plus de parcours de golf au monde (par habitant)
Ont le plus grand nombre d’auteurs par habitant : Reykjavik a ainsi été nommée Cité de Littérature par l’UNESCO en 2011.
Nous arrivons à Reykjavik en pleine célébration de la fierté gaie. L’ambiance est très festive, il y a des chars allégoriques colorés, les gens sont sur la rue et on sent la joie de la fête – c’est tout un contraste avec la manière dont Belfast célèbre le même événement (beaucoup plus de policiers que de manifestants…)
Blue Lagon
Le Blue Lagon était un petit détour pour nous, mais il n’aurait pas fallu passer à côté. J’ai noté dans mon album photo au sujet du Blue Lagon « Dimanche – là où tout n’est que luxe, calme et volupté »…
Premier segment: 5 jours de découverte itinérante dans un véhicule qui porte un nom : Nicolas
C’est dans un Ford Éconoline modifié que notre guide Ingi nous embarque pour une aventure colorée. On ressortira de cette aventure avec l’impression que la nature n’a pas encore fini son travail de construction en Islande. Le sol bouillonne et fume de partout.
À notre grande surprise, le paysage change continuellement allant du désert de scorie noir sans la moindre végétation, en passant par des montagnes multicolores et des champs de fumeroles.
Jour 1: balade le long des plages de sable noir et sur les promontoires du Vik dans le Myrdral où nous observons une foule de macareux.
Jour 2: Paysage d’une autre planète: de la mousse à perte de vue issue d’une éruption volcanique.
Les Islandais s’approprient la paternité de la révolution française. Il y aurait eu une éruption volcanique en Islande qui a causé des changements climatiques qui aurait causé la destruction de récoltes en Europe.
Nous nous sommes déplacés en direction des glaciers pour une croisière entre les icebergs. Au retour, petit arrêt auprès du célèbre Geyser qui a donné son nom au phénomène. Mais ce n’est certainement pas lui le plus actif: sa dernière éruption a eu lieu en 2000, la précédente remontait à 1930.
C’est Strokkur qui est « hot » : une éruption chaque 8-10 minutes
Jour 3: randonnée en montagne sur la piste de Fjallabak – qui se traduit par « derrière les montagnes ».
Jour 4: les massifs du Lanmannalaugar. C’est une incroyable palette de couleurs pastels. On peut y voir des sources chaudes, fumerolles, marécages lacs limpides et calottes glaciaires à perte de vue.
Jour 5: on suit la piste de Fjallabak Sud qui nous mène aux pieds du Mont Hekla.
Au revoir Ingi et Nicolas
À partir de là, adieu Nicolas, adieu Ingi qui nous a appris à chérir la mousse, qui piquait une colère quand il croisait des « cairns » fabriqués par des touristes, constructions qu’il démolissait à grand coup de pieds.
Pour Ingi, le cairn ne doit pas être dépossédé de son sens profond et sacré: une balise, un signe pour le voyageur qui l’assure qu’il est sur le chemin.
Nous changeons de guide. Nous mesurons rapidement l’attachement que nous avons développé pour Ingi qui nous parlait de ses passions (notamment l’environnement), qui nous a fait faire un 360 en écoutant une pièce de Pink Floyd. Beau moment d’intensité en pleine nature sauvage.
Deuxième segment: 6 jours de trek
En chemin, nous passons d’étendues de fragments de lave (scories noir) à la toundra dont le vert adoucit le paysage.
Nous contournons les bouillonnements du sol, et observons l’ocre du paysage se décliner dans toutes ses teintes. De la boue, des lacs, il faut faire attention à tout assouplissement de la terre.
Nous croisons d’innombrables ruisseaux – les eaux des glaciers qui redescendent. Nous remplissons nos gourdes à même les ruisseaux. L’eau est fraîche.
Le chemin est périlleux. J’apprends à faire confiance à mes bottes. J’ai un peu le vertige et j’ai la fâcheuse manie d’accrocher plein de trucs sur mon sac à dos – pour lui donner du style en fait. Mais cela cause des déséquilibres. Notre trajet passe par des crêtes, et des vallons, il y a quelques passages plus « techniques » où on doit se servir de cordes, sinon, on n’y arrive pas.
Nous marchons sur le glacier, nous progressons lentement et difficilement. La glace est inclinée et inégale.
Contrebande
L’alcool a été prohibé en Islande entre les années 1915 et 1989. Par conséquent, il y a encore un quelque chose d’illégal dans la consommation d’alcool. Nous avons croisé un certain nombre de gens qui faisaient le commerce illégal de bière… à 3.25% d’alcool.
Il y a une règle en randonnée : ne pas laisser personne dehors. Les camps se trouvent rapidement débordés. J’ai souvenir d’un soir de campement particulièrement achalandé : il faisait froid, les quelques toilettes se trouvaient à l’extérieur et … le « bootleger » s’était montré accommodant… bon, les histoires de toilette, c’est toujours un peu plus difficile pour nous, les filles.
L’imaginaire s’inspire de ce que la nature offre: nous avons croisé une grotte conique qui abriterait des elfes – bien sûr je prétends ici que les elfes n’existent pas. Je pourrais me tromper. J’ai vu une formation presque identique en Corse des années plus tard.
Chaque fois que je vois un arc-en-ciel, j’ai une pensée pour l’Islande.